La complainte des animaux
La complainte des animaux
Le porcher
le jet d'eau à la main
Echauffé
Ecoute la radio comme un refrain
Un nouvel amendement !
"Vous êtes vivants !
Vous entendez les truies, les porcelets ?
Tous là, futurs gisants,
Pour nos estomacs affamés, gavés."
le vacher
La trayeuse sur tous les pies le matin
Révolté
Ecoute la radio seriner son bulletin
Nouveauté au code civil !
"Vous êtes sensibles !
Vous le saviez déjà ? Vos museaux
Humides, collés à vos petits veaux
Bientôt inaccessibles..."
Seul,
Le chat caché
Dans le foin chaud, bercé
Par la voix diffusée
Sur les ondes
Qui sondent,
Qui informent la loi de leurs vies votée
Officiellement reconnue à ces bêtes affolées
Seul,
le chat se gausse de l'humain
Qui a scellé leurs destins:
Hangars d'élevage fermés,
Fourrières isolées,
Abattoirs aux odeurs de nausée,
Laboratoires expérimentés,
En vide de sensibilité,
Pleins de légalité...
Code civil
Au babil
Enfin adapté
Biens meubles en exil...
Seul,
Le chat lève la tête étonné,
Car enfin ils sont si nombreux sacrifiés
A l'autel du profit mondialisé:
Biens corporels
Aux douleurs éternelles,
Animaux de toutes espèces
Qui sont sommes d'argent en espèces
Sonnantes
De tourmentes
Seul,
Le chat commence sa toilette,
Discret dans son coin,
Rêvant de rester clandestin
Lové dans les coeurs chauds de certains humains
Qui ne lui feront pas sa fête...
Agnès Morvan
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